Anciennes présentations : Cypris, la Sirène naufrageuse

Grèce quelque part au large des côtes de l'une des nombreuses îles jalonnant le domaine du seigneur des Mers et Océans...

Une île entourée de quelques rochers mais rien de bien dangereux pour qui les connaissait. Et puis, la mer était si douce si calme. Le temps clément avec un ciel dégagé. La traversée s'était passée au mieux et le vaisseau approchait tranquillement de la terre ferme, promettant d'éviter sans peine les derniers rochers. A son bord, les marins se réjouissaient déjà du retour au pays où les attendaient femmes et enfants en plus des nombreux marchands prêts à discuter âprement les denrées rares, nourritures, objets précieux et vins qu'ils ramenaient des cités voisines ainsi que de la lointaine Egypte.

Au loin, Hélios amorçait sa longue descente vers l'occident mais au vu des vents, cela ne devrait poser aucun problème. Tous seraient de retour avant que Nyx ne déploie ses ailes sur le monde des hommes, le plongeant dans l'obscurité d'une nuit heureusement étoilée.

Tout allait donc pour le mieux, jusqu'à ce qu'un cri ne retentisse.

- Une forme dans l'eau. Venez tous voir... Là !!! Hurlait un tout jeune garçon, presque encore un enfant.

Et bien vite les autres se rapprochèrent, cherchant ce que Hélénos avait bien pu voir. Malheureusement leurs yeux ne purent rien distinguer dans l'eau trouble. Si bien que l'un d'entre eux se retourna brusquement vers lui...

- Eh Bien !!! Mon pauvre Hélénos, tu as du encore trop boire.
- Mais, par notre grande déesse, je vous jure que...
- Allez viens, il n'a rien là-dessous. A part les poissons. Tiens viens voir...
- Quoi ! Mais !!! Non...

Et empoignant le malheureux, le matelot le poussa presque par-dessus bord tête la première le tenant juste par les jambes. Jusqu'à ce qu'il le remonte aussi facilement qu'il l'avait soulevé la première fois.

- Alors, dis-moi, petit à part les petits poissons du vieux roi qu'y-a-t-il sous les flots écumeux ?
- Rien... rien...

Balbutia-t-il finalement tandis que des rires gras éclataient de tout côté. Le tout plongeant le tout jeune homme dans la honte alors que lui était bien certain d'avoir vu quelque chose...

Pourtant, il fallait bien qu'il se fasse une idée...

Pauvres... Pauvres mortels...

- Quoi ? Quelle est cette voix ?

Et se penchant de nouveau vers l'eau, il crut une nouvelle fois voir cette silhouette qui s'approchait de la coque. Avant même que des trombes d'eaux n'apparaissent faisant s'élever aussitôt des cris qui n'étaient encore que de surprises. Avant que cela ne tourne à des appels au combat lorsque le navire commença à dangereusement tanguer sous les assauts des vagues.

- Vite, ôte-toi de là, malheureux.

Hurla à Hélénos le marin qui venait tout juste de le ridiculiser avant de le repousser rudement sur le pont de la nef. Et les vagues semblèrent devenir de plus en plus forte comme animées du profond désir d'assaillir le bateau, le frappant avec tant de force que Hélénos roula à plusieurs reprises, se heurtant au mat dont la voile venait comme d'être arrachée. Et lorsque, enfin, le garçon parvint à se relever, se fut pour voir son sauveur frapper à plusieurs reprises les vagues... Appelant ses rudes compagnons à la rescousse.

Le bruit des vagues était devenu tel qu'il ne pouvait que saisir des bribes de phrases.

- Vite armez-vous tous de vos lances... "Il" est de retour...
- Qui ça "Il" ?
- Hélénos, va te mettre à l'abri. Ce monstre est sans pitié et il n'attaque jamais par hasard.
- Mais ?
- Allez, petit, va...

Et sans réfléchir davantage, le jeune homme courut s'attacher à ce qu'il trouva de plus solide avant que le navire ne se mette à tanguer de plus en plus. Quelque chose ou quelqu'un frappait contre la coque ou plutôt le secouer par jeu de vagues.

- Le monstre... !!! Le monstre... !!!

Puis, ce fut la dernière vague immense, qui balaya l'entièreté du bateau avant de se retirer aussi vite. Tout fut d'ailleurs si rapide que le pauvre garçon ne put rien voir sinon que tous ces compagnons avaient disparus comme engloutis par la mer.

Pourtant aucune trace de violence vraie. Le bois était intact, pas de voie d'eau. Juste celle qui était entrée avant de ressortir aussitôt.

Il tourna le regard à droite à gauche balayant du regard l'ensemble du pont. Et pendant ce temps, le vaisseau continuait à dériver alors que Hélénos était seul et avançait à pas tremblants vers la proue.

- Où... Où...

Il était presque arrivé à l'avant lorsqu'un chant incroyablement mélodieux se fit entendre. Une musique à nulle autre pareille. Les tremblements reprirent lorsque le son de flûte fut remplacé par une voix, une voix encore plus attirante, le clouant sur place avant de se mettre à jouer avec ses sens...

- Hum... Monstre. Dis-moi, jeune homme... Comment imagines-tu les monstres peuplant le domaine de mon seigneur ?

Et il entendit des pas légers avancer sur le bois.

- Hum... Allons réponds moi ? Comment les vois-tu ? Serpent de mers, Dragon, Poisson géant, Kraken autres... Tous ainsi ?

Il se forçait à fermer les yeux mais cette voix était si belle, si attirante, irrésistible et envoûtante.

Pourtant il tenait bon, provoquant l'amusement de cette... Femme ? Puis, il sentit une main se poser sur son épaule nue avant d'entendre comme un battement d'ailes ?

- Ailes mais ?
- Enfin, tu ouvres les yeux. Tes amis ? Il aurait pu me blesser alors que je les invitais juste à rejoindre mon royaume... Allez, ose ouvrir les yeux et regarde-moi, suis-je un monstre ?

Monstre... Envoûtant... Hélénos ne put résister davantage et ouvrit les yeux découvrant la plus belle femme que ses jeunes yeux avaient pu contempler. Longue chevelure marine, ondulant le long de ses courbes féminines, soulignant une silhouette moulée par la longue tunique trempée et enserrant un corps aux formes parfaites. Et que dire de son regard... Un regard aussi profond que la mer. Un regard où l'on se noie avec le plus grand plaisir.

Puis elle reprit la parole.

- Maintenant viens, jeune marin, viens me rejoindre au Royaume de mon seigneur. Tout cela n'a plus d'importance. Ta déesse t'a abandonné alors pourquoi la servir en lui ramenant toutes ses richesses. Athènes t'a oublié. Viens suis-moi. Ne m'oblige pas à te fracasser le crâne.

Et Hélénos ferma les yeux, se refusant encore d'écouter, avant que la Sirène ne prenne enfin sa décision, lui portant un coup fatal.

- Bien, tu as fait ton choix. Ne me fait pas perdre mon temps. J'ai un bateau à reprendre en main, juste le temps d'aller le fracasser sur les rochers...

Et la Sirène se déplaça avec grâce et lenteur jusqu'au gouvernail.

- La dernière fois, nous avons échoué, mon seigneur, mais maintenant, maintenant nous sommes de retour encore plus puissant plus redoutable qu'avant.

Levez les yeux vers la surface mon maître Poséidon et acceptez ce modeste présent.

Et ce fut ainsi, sous les yeux d'Hélios descendant vers l'Océan que la Sirène fit son grand retour, provoquant son tout premier naufrage... Sans hésiter sans pitié. A ses yeux, la mer était le domaine de son maître et maintenant qu'elle venait d'enfin émerger, elle ne laisserait plus jamais les partisans d'Athéna la souiller...
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De longs instant plus tard, alors que le vaisseau n'était plus qu'une épave écrasée contre la Sirène satisfaite replongea au plus profond des eaux... Cet accident marquait sans laisser vraiment de trace le retour du général de la Sirène.

L'entrée du Royaume sous-marin, enfin. Me voilà de retour, mon seigneur. Mon pilier m'attend...

Pourtant quelle ne fut pas la surprise de Cypris lorsqu'elle franchit rapidement l'Entrée. Un désordre certain régnait. Des soldats couraient en tous sens, semblant chercher quelque chose ou plutôt quelqu'un. Plusieurs d'autres eux étaient d'ailleurs passé près d'elle sans même la saluer.

Mais ? Depuis quand les soldats manquent-ils autant de respect aux marinas ? A l'un des leurs généraux en plus ?

Elle ne portait pas son écaille mais était pourtant reconnaissable. Et puis, qu'elle soit en simple tunique n'était pas une excuse !! Loin de là !! Après tout, elle était Cypris de la Sirène, l'un des sept généraux des Mers et non une quelconque servante et encore moins une esclave craintive et faible !!!

Mais enfin quel est donc ce désordre !!! Que font les autres Généraux déjà éveillés !!!

Et aussitôt, la belle intensifia son cosmos, le faisant exploser tout en appelant son écaille dans la foulée...

Sa colère était si grande devant ce spectacle lamentable qu'elle provoqua l'arrêt immédiat de toute activité des centaines de pas à la ronde avant que les hommes ne s'inclinent enfin avec respect devant elle.

- Soldats depuis quand osez-vous ainsi manquer de respect à l'un de vos supérieurs ?

Un long silence suivit cette phrase assassine avant que l'un d'eux ne se décide à répondre.

- Général de la Sirène... Je... C'est un immense honneur de vous revoir. La situation est très grave et...

Mais il n'eut guère le temps de finir que le cosmos de Poséidon lui-même se manifesta. Et que le visage de la belle se radoucit devant cette convocation. Ce qui ne l'empêcha pas une dernière fois de tancer les soldats.

- Bien c'est bon pour cette fois mais un bon conseil, ne m'obligez plus jamais à vous rappeler le respect dû aux Généraux.

Et elle se dirigea vers le temple de l'Ebranleur de la terre